C'était dans le Courrier des Lecteurs de l'Est Républicain de lundi 18 mars sous la plume de M. Gabriel May 25320
Busy
Les gens de ma génération qui ont connu la semaine de cinq jours, ne peuvent s'empêcher de sourire en
entendant les propos actuels sur le sujet.
Hé oui, dans les locaux quelque peu «
rustiques » où il faisait assez chaud l'été et bien plus « frais » l'hiver, nous étions dans mon village près de trente-cinq élèves de tous les cours, et
l'enseignement, assorti d'une discipline très stricte, était de qualité, malgré le surnombre. De temps en temps, bien sûr, quelques « taloches » étaient distribuées gracieusement. Mais mieux valait ne pas le dire aux parents, car c'était la double peine assurée.
En plus, il y avait, à sept heures, la messe basse le matin
suivie du petit catéchisme, et le dimanche, la grand-messe ; matin et les vêpres l'après-midi. Sans compter le grand catéchisme le jeudi matin avec,
en prime, quelques coups de baguette sur les doigts à ceux et celles qui n'avaient pas appris suffisamment le chapitre assigné, ce qui faisait que l'emploi
du temps » de la semaine était assez fourni...
Mais au bout du compte, la majorité des élèves obtenait le
Certificat d'Etudes Primaires qui valait bien le brevet d'aujourd'hui. On savait rédiger une « composition française », solutionner un problème d'arithmétique compliqué (et sans calculette SVP), avoir des connaissances en géographie et en histoire,
acquérir le goût de la lecture, sans parler de la « morale » enseignée au début des cours, etc. Et personne ne se plaignait de ce régime qui sans
doute ferait frémir aujourd'hui où le sens de l'effort s'est quelque peu affaibli.
Enfin, dernière
confidence : je crois pouvoir dire que nous étions heureux dans cette école de la République qui a su faire de nous des citoyens
responsables.
On peut considérer que
c'est une suite à l'article précédent de dimanche. C'est aussi ce que j'ai connu sauf pour la partie "religion".
Je me souviens que
l'école était un moment agréable.
Agréable pour la
culture générale que j'ai pu y acquérir, sans contrainte dans mes souvenirs : j'aimais apprendre et savoir, curieux de tout.
Agréable aussi pour
moi parce que je me rappelle ne pas avoir été souvent à ma table d'écolier. Le maître m'avait confié une partie de la rédaction du bulletin de l'école. A l'époque, pas d'ordinateurs, ni
d'imprimantes. Des barrettes dans lesquelles on insérait l'une après l'autre des lettres de plomb qui constituaient l'une après l'autre les lignes de l'article, les colonnes de la page et enfin
la page entière. L'ensemble était inséré dans une presse puis imprimé page après page à l'encre noire.
Agréable parce qu'il y
avait des ateliers de bricolage où je jouissais d'une certaine autonomie hors de la vue du maître. J'ai même trouvé des sabres au grenier de l'école.
Pas amusant pour tout
le monde. C'était l'époque du coup de règle sur les doigts. C'était l'époque de la niche : l'écolier "en faute" était mis sous le bureau du maître et je voyais bien les coups de pieds partir si
l'élève bougeait dans cet espace réduit.
Je crois bien aussi
que certains "mauvais" élèves étaient suspendus au porte-manteau.
Et puis j'avais un
maître particulièrement "nerveux". Il est arrivé qu'un fer à repasser, dans un excès de colère, traverse la salle de classe en diagonale, sans atteindre personne
heureusement.
Excessif certes. Les
temps ont changé. Les hussards noirs de la République avaient une mission simple : apprendre à lire, écrire, compter.
On se souvient des
meilleurs souvenirs, on oublie les moins bons. Mais moi-aussi j'adhère à la dernière phrase de M. May : je crois pouvoir dire que nous étions
heureux dans cette école de la République qui a su faire de nous des citoyens responsables.