Aujourd'hui, 8 juin, un hommage national est rendu aux "Morts pour la France" en Indochine.
A défaut d'une cérémonie au Monument aux Morts, je rappelle ici la mémoire de deux jeunes morts en Indochine et enterrés à Pagny : Pierre
ROUSSEL et Claude HARTEL.
Pierre Paul Aimé
Roussel était né le 22 avril 1928 à Saint Max(54). Il a habité Pagny avec ses parents. Recruté à Nancy, il a été tué au combat le 11 octobre 1952 à Ban Nam Lo, canton de Tuinh Nhai,
province Chan (Tonkin). Il était caporal au 2è bataillon thaï et avait un peu plus de 24 ans.
Claude Marie
Hartel était né le 29 septembre 1926 à Blainville sur l'Eau (54). Il a été tué par balle le 5 mars 1948 à Song Buc, province de Yen Bay (Indochine). Il était sergent au 1er bataillon
thaï et n'avait pas encore 22 ans.
Voici le message de Kader ARIF, ministre délégué auprès du Ministre de
la Défense, chargé des Anciens Combattants.
L'Etat rend hommage, chaque 8 juin, aux
« morts pour la France » en Indochine et, par delà, à tous les combattants de cette guerre.
Cette journée nationale, décidée il y a seulement sept ans, a été choisie à une date
particulièrement symbolique puisqu'elle rappelle le jour du 8 juin 1980
où, par son inhumation solennelle dans la nécropole nationale de Notre-Dame de Lorette, le
soldat inconnu d'Indochine rejoignait dans la mémoire nationale ses frères d'armes des précédents conflits.
Cette inhumation tardive témoigne de la lenteur avec laquelle le souvenir des combattants d'Indochine est parvenu à occuper la place qui lui revient. Car la mémoire est sélective, partielle et partiale.
Heureusement, elle évolue.
La mémoire de ces hommes et de ces femmes, acteurs d'une guerre lointaine, aussi bien sur une mappemonde que dans les esprits, a longtemps été submergée par le courant de l'histoire qui entraînait avec lui les événements, leur interprétation, les petits et
les hauts faits d'armes.
A l'image de cette terre d'Indochine où les pluies de mousson balaient tout sur leur passage, il faut attendre que le sol soit redevenu sec pour que le
paysage puisse à nouveau être observé.
Désormais, le temps a fait son œuvre. La guerre d'Indochine est devenue un sujet de débat pour historiens. La mémoire des combattants ressurgit, quant à elle, peu à peu et se transmet maintenant aux jeunes générations, notamment lors de commémorations
comme celle d'aujourd'hui.
C'est la mémoire des résistants aux forces japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, celle
des victimes du coup de force du 9 mars 1945, des torturés dans les geôles de la
Kampetaï.
C'est la mémoire de ces soldats que la France a engagé derrière ses meilleurs chefs, entre 1946 et
1954, dans un conflit aux contours incertains. Une guerre âpre, usante, ponctuée d'actions d'éclats et d'épreuves terribles, au milieu d'une nature aussi envoûtante que redoutable.
Et, partout, l'adversaire, imprévisible et très mobile, dans un combat où, comme l'écrivait Jean Lartéguy, "L'homme luttait contre l'homme avec à peu près les mêmes armes ; le courage
et l'endurance l'emportaient seuls."
Par delà les mots, il faut voir des hommes et des femmes qui se sont battus, ont affronté tant de souffrances, dans l'indifférence de l'opinion publique quand ce n'est pas sa réprobation. Il leur fallait un sens du devoir exceptionnel pour avancer malgré tout, et
non seulement servir dans l'obéissance, mais aller jusqu'au sacrifice.
Cette épopée tragique, un homme avait su la faire partager au grand public : Pierre Schoendoerffer,
décédé cette année, cet ancien reporter de guerre, amoureux de l'Indochine, dont l'œuvre a
été constamment nourrie de son séjour en Extrême-Orient de 1952 à 1954.
Aujourd'hui, la Nation rappelle son chagrin d'avoir perdu, avec ses
morts, parmi les meilleurs de ses soldats, et témoigne sa reconnaissance envers les survivants. Ces combattants d'Indochine ont valeur d'exemple pour nos
soldats français engagés actuellement dans des actions de feu et de pacification, car ils ont montré le chemin du courage et de la fierté, même quand tout suggérait le renoncement et l'abandon.